COSMOPOLITE OU LE CITOYEN DU MONDE

Fiction & Literature, Literary Theory & Criticism
Cover of the book COSMOPOLITE OU LE CITOYEN DU MONDE by LOUIS CHARLES MONBRON, NA
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Author: LOUIS CHARLES MONBRON ISBN: 1230000234400
Publisher: NA Publication: April 19, 2014
Imprint: Language: French
Author: LOUIS CHARLES MONBRON
ISBN: 1230000234400
Publisher: NA
Publication: April 19, 2014
Imprint:
Language: French

Ce livre comporte une table des matières dynamique, à été relu et corrigé.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique
Extrait:
L’UNIVERS est une espece de livre, dont on n’a lu que la premiere page quand on n’a vu que son Pays. J’en ai feuilleté un assez grand nombre, que j’ai trouvé presqu’également mauvaises. Cet examen ne m’a point été infructueux. Je haïssois ma Patrie. Toutes les impertinences des Peuples divers parmi lesquels j’ai vécu, m’ont réconcilié avec elle. Quand je n’aurois tiré d’autre bénéfice de mes voyages que celui-là, je n’en regretterois ni les fraix ni les fatigues.
Chassé autrefois de Paris par l’ennui & la préoccupation, je conçus le desir de visiter les Habitants de la Grande-Bretagne, dont quelques bilieux enthousiastes m’avoient conté des merveilles. Je croyois trouver dans cette Isle fameuse, non-seulement l’homme de Diogene, mais y en trouver par millions. J’arrivai à Londres enivré de ce doux espoir. Tout m’y parut au premier coup d’œil infiniment au-dessus de l’idée qu’on m’en avoit donnée. Chaque Anglois étoit pour moi une divinité. Ses actions, ses démarches les plus indifférentes, me sembloient toutes dirigées par le bon sens & la droite raison. S’il ouvroit la bouche pour parler, quoique je n’entendisse pas un mot de ce qu’il disoit, j’étois dans une admiration qui ne se peut exprimer. Cependant l’état de mes affaires ne me permettant point alors de rester dans ce séjour Angélique ; je l’abandonnai, pénétré des plus vifs regrets, avec la consolation néanmoins d’y transporter mes Lares dès que j’en serois le maître. Cette première sortie est l’époque du goût que j’ai pris depuis à voyager. Je ne voulus point retourner en France sans voir la République des Provinces Unies. J’avoue que pour quelqu’un qui n’aime que le spectacle, il n’y a rien en Europe dont la vue puisse être plus satisfaite. C’est aussi à quoi se réduisent presque toutes les observations d’un Curieux ; car pour ce qui est des gens du Pays, ils sont si constamment attachés à leur commerce, qu’ils semblent avoir renoncé à toute société avec les humains : l’intérêt, dit-on, est leur dieu, le gain leur volupté, & l’épargne sordide leur vertu capitale.
Je revins à Paris tout-à-fait Jacques Rôt-de-bif, à la petite perruque près, n’osant pas encore mettre cette réforme dans mon ajustement, quoique j’y fusse encouragé par l’exemple d’un Géomètre à la mode, qui avait rapporté de Londres ce ridicule de plus.[1] Enfin, ma manie pour l’Angleterre étoit augmentée au point que tout m’étoit insupportable en France, même jusqu’à l’air que j’y respirois : je regardais les François

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Ce livre comporte une table des matières dynamique, à été relu et corrigé.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique
Extrait:
L’UNIVERS est une espece de livre, dont on n’a lu que la premiere page quand on n’a vu que son Pays. J’en ai feuilleté un assez grand nombre, que j’ai trouvé presqu’également mauvaises. Cet examen ne m’a point été infructueux. Je haïssois ma Patrie. Toutes les impertinences des Peuples divers parmi lesquels j’ai vécu, m’ont réconcilié avec elle. Quand je n’aurois tiré d’autre bénéfice de mes voyages que celui-là, je n’en regretterois ni les fraix ni les fatigues.
Chassé autrefois de Paris par l’ennui & la préoccupation, je conçus le desir de visiter les Habitants de la Grande-Bretagne, dont quelques bilieux enthousiastes m’avoient conté des merveilles. Je croyois trouver dans cette Isle fameuse, non-seulement l’homme de Diogene, mais y en trouver par millions. J’arrivai à Londres enivré de ce doux espoir. Tout m’y parut au premier coup d’œil infiniment au-dessus de l’idée qu’on m’en avoit donnée. Chaque Anglois étoit pour moi une divinité. Ses actions, ses démarches les plus indifférentes, me sembloient toutes dirigées par le bon sens & la droite raison. S’il ouvroit la bouche pour parler, quoique je n’entendisse pas un mot de ce qu’il disoit, j’étois dans une admiration qui ne se peut exprimer. Cependant l’état de mes affaires ne me permettant point alors de rester dans ce séjour Angélique ; je l’abandonnai, pénétré des plus vifs regrets, avec la consolation néanmoins d’y transporter mes Lares dès que j’en serois le maître. Cette première sortie est l’époque du goût que j’ai pris depuis à voyager. Je ne voulus point retourner en France sans voir la République des Provinces Unies. J’avoue que pour quelqu’un qui n’aime que le spectacle, il n’y a rien en Europe dont la vue puisse être plus satisfaite. C’est aussi à quoi se réduisent presque toutes les observations d’un Curieux ; car pour ce qui est des gens du Pays, ils sont si constamment attachés à leur commerce, qu’ils semblent avoir renoncé à toute société avec les humains : l’intérêt, dit-on, est leur dieu, le gain leur volupté, & l’épargne sordide leur vertu capitale.
Je revins à Paris tout-à-fait Jacques Rôt-de-bif, à la petite perruque près, n’osant pas encore mettre cette réforme dans mon ajustement, quoique j’y fusse encouragé par l’exemple d’un Géomètre à la mode, qui avait rapporté de Londres ce ridicule de plus.[1] Enfin, ma manie pour l’Angleterre étoit augmentée au point que tout m’étoit insupportable en France, même jusqu’à l’air que j’y respirois : je regardais les François

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